Où Jésus-Christ dormit sa mort,
Un drapeau vert aux franges d’or,
Depuis quels temps, âpres et sombres,
Laisse flotter et s’exalter,
Son ombre.
Au pays de Clermont, un moine avait prêché :
« Voulez-vous être exempt de fange et de péché,
Lorsque la mort vous saisira dans son étreinte ?
Soyez ceux-là qui conquerront la terre Sainte.
La tombe ouverte, où Jésus-Christ languit trois jours,
Crie au monde qu’elle est sans gloire et sans secours
Et que sa pierre encor sanglante est profanée.
Ô voix du sang divin, lentement obstinée,
Tu n’as frappé, jusqu’en ces temps, qu’un écho mort
Mais voici l’heure enfin de l’unanime effort,
Pour créer et muscler une force nouvelle.
Il faut que le silence apaise les querelles,
Sur le brin d’un devoir ou le fétu d’un droit,
Que les comtes, les ducs, les marquis et les rois
Coupent les rameaux noirs des haines réfractaires,
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