Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Les chemins débordés envahissaient les plaines :
On broyait les épis ; on piétinait les graines ;
On dévastait à mesure que l’on errait,
Soit au bord des étangs, soit au long des forêts,
Tragiquement, avec la faim dans les entrailles.
Parfois s’improvisaient de rapides batailles,
Autour de hauts trésors ou de butins captés,
Un chef intervenait, tenace et redouté,
Et reployait sous lui les volontés serviles.
Les soirs, ceux qui campaient aux limites des villes
Se ruaient vers la femme avec de fortes mains,
Et le viol criait et s’étouffait dans l’ombre.
Mais tous, le jour levé, reprenaient le chemin,
Et la terre, à nouveau, grondait de pas sans nombre.

Là-bas
Sous le ciel bleu de Palestine,
Un pâle croissant d’or courbe sa pointe fine,
À l’endroit même où l’étoile guidait les pas
Des bergers et des mages.
Et, sur le bloc du sarcophage,