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Se déplacer vers l’Occident,
De route en route, et d’âge en âge.

Âpres, hardis, aventureux,
Ils se le désignaient en s’exaltant entre eux.
Les plus ardents partaient à travers monts et plaines ;
Ils dérobaient des chars et des peaux et des laines
Et s’engouffraient dans l’inconnu et ses dangers.
Des foules se joignaient à l’appel passager
Qu’ils lançaient aux échos du haut de leurs montures ;
Les chefs étaient de haute et compacte stature :
Leurs longs cheveux nattés battaient leurs torses roux ;
Ils se disaient issus des aurochs ou des loups.
Ô ces brusques départs de hordes violentes
Se ruant à l’assaut de la terre tremblante,
Ces blocs errants et lourds de peuples rassemblés,
Et ces trots de chevaux sur les pays brûlés,
Et ces rapts dans la nuit, sous la lune et les astres,
Et ces rires dans le carnage et les désastres,
Et, tout à coup,
Tous ces fourmillements et ces tumultes fous