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Qui se sentit captif sous les branches baissées ;
Mais dans l’ombre brillaient les yeux clairs de Persée
Avec de la douceur mêlée à leurs brasiers ;
Et la bête se releva presque sans crainte,
Sur le pas du héros réglant déjà son pas
Et ne se sentant plus chevauchée et contrainte ;
Quand la plaine s’ouvrit, elle ne s’enfuit pas.

Ce fut par un matin couronné de rosée,
Que Pégase épousa le désir de Persée.
D’abord pendant des jours et puis des jours encor
L’échange s’était fait des fluides de leurs corps
Pour grouper en faisceaux leurs mouvements contraires
Et tenter un départ qui serait un accord ;
Le héros surveillait ses gestes volontaires,
Pégase obéissait doucement, lentement,
Certes rebelle au mors, certes rebelle aux rênes,
Mais ne se cabrant plus avec effarement
Dès qu’une main touchait sa croupe souveraine.
Puis lentement encor, et doucement toujours,
Avec le rythme aimé de quelques lentes phrases