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Pégase !
Il le surprit, un jour, aux lisières d’un bois,
Foulant une herbe avare et rase.
Le héros fit un cri ; puis suspendit sa voix,
Et ne vit rien, sinon, ouvertes au soleil,
Les ailes.
Mais déjà le coursier, frémissant et vermeil,
Dans un tourbillon d’or, d’écume et d’étincelles,
Avait quitté la terre et hennissait là-haut.
L’approcher, le saisir, le dompter : ô le rêve !
Et diriger soudain les lumineux sursauts,
Et les bonds dans le ciel, par-dessus mer et grève,
Jusque dans l’île où seuls abordent les oiseaux !

Ce fut un soir, dans un étang, parmi les vases,
Dont le coursier buvait le flot criblé de feux,
Que Persée aux aguets, d’un poing rude et nerveux,
Saisit Pégase.

Le cheval outragé se cabra brusque et droit ;