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S’attarde, au bord des flots, sous un nuage sombre ;
Et le héros s’angoisse, et regarde de loin
Le geste blanc d’un bras le supplier dans l’ombre.

Un ciel aux astres durs s’éclaire peu à peu.
Une lueur grandit les falaises de l’île
Et rampe sur le sol vers l’antre phosphoreux,
Où se tasse le corps écaillé d’un reptile.
L’eau est tonnerre, et gronde, et roule, et creuse, et mord
Et rejaillit en torrents fous au long des bords ;
Des cailloux carriés flanquent un promontoire ;
Des pointes de récifs coupent la vague noire ;
Un volcan fume et jette au loin son feu d’effroi,
Tout est stérile, aigu, méchant, caché, sournois ;
Qu’apparaisse une barque, et les vents et l’orage
D’un seul éclair la font sombrer en son naufrage.

Pourtant,
Pas un instant,
Malgré la mort hurlante, et partout hérissée,