Soudain il jalousa le ciel et ses flambeaux ;
L’extravagance folle entra dans sa pensée,
Si bien qu’il s’arrêta à cette œuvre insensée
D’allumer troncs, écorce, aubier, feuilles, rameaux
Dont l’énorme splendeur trouant la nuit stellaire
Irait dire là-haut
Qu’Hercule avait créé un astre sur la terre.
Rapidement
Sur l’innombrable entassement
Comme un vol sur la mer d’écumes et de lames
Passent les flammes ;
Une lourde fumée enfle ses noirs remous ;
Et les mousses et les écorces
Et l’emmêlement noir des brindilles retorses
Craquent ici, là-bas, plus loin, partout.
Le feu monte, grandit, se déchevèle, ondule,
Rugit et se propage et s’étire si fort
Qu’il frôle, avec ses langues d’or,
Hercule.
Le héros se raidit, sentant sa chair brûler.
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