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Et devant le soleil dont la gloire accomplie
De cime en cime, à cette heure, se retirait,
On vit le large Hercule envahir les forêts,
En saccager le sol, en arracher les chênes
Et les rouler et les jeter du haut des monts
Dans un fracas confus et de heurts et de bonds
                    Jusques aux plaines.
 
L’amas des arbres morts emplit tout le vallon ;
Hercule en regardait les fûts saignants et sombres
Faire à leur tour comme une montagne dans l’ombre,
Et les oiseaux dont il avait broyé les nids
Voler éperdûment en criant dans la nuit.
 
L’heure de cendre et d’or où l’immensité noire
Allume au firmament ses astres et ses gloires
            Survint tranquillement
Sans que sa large paix calmât l’esprit dément
            Et les rages d’Hercule ;
Ses yeux restaient hagards et ses pas somnambules.