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Et de n’être vaillant assez pour faire accueil
Au jeune, alerte et dangereux orgueil.

Dites, vouer à tous son verbe autoritaire,
Qu’admirera peut-être et chantera la terre
Quand elle en comprendra la fervente âpreté ;
Donner un sens divin aux passions humaines
Pour que leurs nœuds formidables fassent les chaînes
Qui relient l’avenir, avec témérité,
Au présent déjà surmonté.

Dites, ne reculer que pour bondir plus fort,
Au rebours de l’habitude qui est la mort ;
Savoir que d’autres mains imposeront la gloire
Au front encor voilé des finales victoires,
Que le geste qu’on fait n’est point pour notre temps,
Mais le faire quand même avec un cœur battant ;
Aimer toute œuvre où s’ébauchent les destinées
Et pour les jours où reviendraient l’ombre et l’effroi,