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Je ne suis point de ceux
Dont le passé doux et pieux
Tranquillise l’âme modeste ;
La lutte et ses périls font se tendre mon corps,
Vers le toujours vivace et renaissant effort,
Et je ne puis songer à limiter mes gestes
Aux seuls gestes qu’ont faits les morts.

J’aime la violente et terrible atmosphère
Où tout esprit se meut, en notre temps, sur terre,
Et les essais, et les combats, et les labeurs
D’autant plus téméraires,
Qu’ils n’ont pour feux qui les éclairent
Que des lueurs.

Dites, trouver sa joie à se grandir soi-même,
En ces heures ou de ferveur ou d’anathème
Lorsque l’âme angoissée est plus haute qu’aux jours
D’uniforme croyance et de paisible amour ;
Dites, aimer l’élan, qui refoule les doutes,
Dites, avoir la peur de s’attarder en route,