Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Alors,
Sans un geste trop vif, ni sans un cri trop fort,
Avec de la souplesse à sa vigueur mêlée,
Sa parole monta vers l’assemblée.

Il fut avec dextérité, sincère et faux.
Il s’imposait habilement, mais sans emphase ;
Comme un plumage souple et chatoyant d’oiseau,
Il disposait en nets et réguliers faisceaux
Les arguments ailés dont il armait ses phrases ;
Soudain, avec tranquillité, il dévoila
Le ciel profond que jour à jour il étoila
Pour que, pareille à quelque immense Walkyrie,
On y pût voir marcher et régner la Patrie.
Puis son verbe se fit sournois et entêté
Et sans effort et sans violente brisure,
Telle une eau patiente à travers les fissures,
Il atteignait et submergeait les volontés.

Il vit que peu à peu se redressait sa cause,