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Sept prophètes et cinq sibylles
Cherchaient à pénétrer de vieux livres obscurs
Dont le texte immobile
Arrêtait devant eux, le mobile futur.
Le long d’une corniche aux arêtes carrées,
De beaux corps lumineux se mouvaient hardiment
Et leur torse ou leur dos peuplait l’entablement
De leur vigueur fleurie et de leur chair dorée.
Des couples d’enfants nus soutenaient des frontons,
Des guirlandes jetaient ci et là leurs festons,
Le long serpent d’airain sortait de sa caverne,
Judith se pavanait dans le sang d’Holopherne,
Goliath s’écroulait ainsi qu’un monument
Et, vers les cieux, montait le supplice d’Aman.

Et sans erreurs, et sans ratures,
Et jour à jour, et sans repos,
L’œuvre s’affermissait en sa pleine structure ;
Bientôt
La Genèse régna au centre de la voûte :
On y pouvait voir Dieu comme un lutteur qui joute