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Le trèfle et la luzerne et le froment et l’orge
Glissent en miettes d’or dans les sillons profonds,
Et l’alouette, oiseau de bel espoir, répond
Au bel espoir que tout semeur, dûment, se forge.

Pour la première fois, depuis les jours rugueux,
Au long des prés, les grands troupeaux descendent boire ;
Les veaux, qui n’ont encor quitté l’étable noire,
L’œil ébloui, butent du front contre les pieux.

Des vols de pigeons blancs creusent comme une ornière
De bruits sifflants et haletants dans le vent clair ;
La vie au fond du sol, la vie au fond de l’air,
Se tisse avec des rais de pluie et de lumière.

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