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Ils se défient de tout gardien ;
Le soir, quand par les sentes tortes,
Passent, au long des clos, ceux qui n’ont rien,
Ils imitent l’aboi d’un chien
Derrière leur porte.

Et tels s’useront-ils en resserrant leurs jours,
Dans l’étau morne et froid de leur sordide amour,
Épluchant pour eux seuls leur vie âpre et minime,
Franc par franc, sou par sou, centime par centime,
Effrayants effrayés sur qui plane le sort,
Mais dont la foi en leur folie est si entière,
Qu’aucun ne voit les deuils emplir les cimetières
Sans se croire plus dur et plus fort que la mort.

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