Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

 
Même l’énorme branle-bas
Et le travail ardent des métairies
Tournent les fours et les buanderies
Vers le chemin d’où les meules ne se voient pas.

Mais les meules
Ont pour elles les plaines
Où l’on peut voir,
Le soir,
Myriadaire et morcelé,
Le bloc total du cristal étoilé ;
Elles ont pour elles leur ombre solennelle
Se déployant si largement
Sur le damier vide et morne des champs,
Qu’elles semblent jeter au devant d’elles
Toute la nuit qu’au jour tombant
Accumule
Le crépuscule.

Ainsi pendant les froids et les brumes d’hiver,
Trônent-elles grandes et seules,
Les meules ;
Et jusqu’aux jours du printemps vert,
Au fond des guérets nus et des plaines hagardes,
Le ciel et l’étendue en ont la garde.

Séparateur