Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La spergule parfume et les trèfles embaument.
Voici
L’hirondelle qui passe et jette un cri
Et fuit.

Sous le linge mouillé, à l’ombre des javelles,
Dorment les cruchons bleus dont les flancs en sueur
Sollicitent le gosier sec des moissonneurs.
La lampsane s’érige en bouquets d’étincelles,
Près d’un sentier désert où les guêpes rayées
Pillent un amas cru de groseilles broyées.

Oh ! ces gestes égaux dans l’or des épis mûrs !
Des pans de blés compacts tombent dans la lumière
Et la serpe décrit sa courbe régulière
Et mire à chaque coup un brusque éclat d’azur.
Rien ne trouble la loi des tâches violentes ;
Aucun effort sous le soleil ne s’engourdit ;
Une sieste rapide, à l’heure de midi,
Ranime, au bout du bras, la main qui devient lente.