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La terre,
Qu’il ait raison ou qu’il ait tort,
Sera dûment sa terre à lui.
C’était d’ailleurs la volonté du père. »

L’autre fils dit : « Il faut que le bien reste entier,
Commun à tous, avec ses vingt-quatre bonniers
Allant du chemin creux jusqu’à la ferme haute.
Le vendre ou le couper serait la lourde faute. »

L’aîné haussa l’épaule et ne répondit pas.
L’une des sœurs violemment saisit son bras,
Et lui tendant le poing, comme un morceau de haine,
Jura : « Si notre terre était vendue un jour,
Il ne s’y ferait plus ni moisson, ni labour,
Et la mort seule aurait pour soi tout le domaine. »

L’aîné, qui la savait sorcière, eut un sursaut ;
Mais sa colère et sa rancune étant trop fortes,
Il fit un geste bref et lui montra la porte.