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Le tisserand, penché vers ses trames fragiles,
Renoue adroitement les fils rompus et tors,
Et le soleil qui glisse entre eux sa clarté nette,
Frappant le va-et-vient ailé de la navette,
La transforme au passage en brusque insecte d’or.

Même aux jours noirs de deuil, de péril et de guerre,
Vous vous fîtes, Ô Lys, la sûre auxiliaire
Des vieux bourgeois flamands contre le roi français :
Vos eaux pour les sauver inondèrent la plaine,
Et l’armée enlisa sa vengeance et sa haine
Dans le piège fangeux de vos marais secrets.

Ainsi, Lys héroïque, utile, aimante et sage,
Comme un mouvant bienfait vous frôlez les maisons,
Et vous vous attardez, en votre long voyage,
Pour n’oublier personne au fond des horizons.