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Et vers ce deuil offert comme un banquet de fête
À la faim de r extase, à la soif de la foi,
Les martyrs, les héros, les cent vierges, les rois,
Les ermites, les paladins et les prophètes,

Toute l’humanité des temps chrétiens marchait.
Ils arrivaient du fond miraculeux des âges,
Ayant cueilli la palme aux chemins du voyage,
Et sur leurs fronts brillaient les feux du Paraclet.

Et tout en haut, régnaient dans l’or du poliptyque,
Dieu le Père, Marie et Jean le précurseur,
Traçant, dévotement, avec calme et douceur,
De lents gestes sacrés, puissants et didactiques.

Et les anges chantaient dans l’air chaste et pieux,
Tandis qu’Eve et qu’Adam, debout chacun dans l’ombre,
Sentaient peser sur eux leur faute ardente et sombre,
Dont le rachat se célébrait devant leurs yeux.