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Il était grand sans le clamer sous le soleil,
Sans le crier au monde, en ces buccins vermeils
Qui sonnaient, dans les soirs de viol et de guerre,
La renommée en or et sang du Téméraire.

III


Il fut long leur duel : Louis fut le vainqueur.
La rage les mordait également au cœur ;
Le duc brassait l’argent et ses bandes picardes
Faisaient trembler le sol au bruit de leurs bombardes.

Et ses reîtres trapus et ses larges soudards
Se ruaient vers sa gloire — et ses lourds étendards
Couvraient au gré des vents, comme d’une aile altière,
Coleone et Campo-Basso, ses condottières.

Il combattait lui-même et méprisait les biais.
Le roi, toujours absent, rusait et louvoyait,
Usant de mots subtils et de belles harangues,
Et ses armes étaient sa malice et sa langue.