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Il était jeune, ardent et franc de volonté.
Il dominait la foule et la cité,
Sans le vouloir, par ce don d’être
Partout où il passait, le maître.
Son existence était sa volupté.
Il mêlait tout : luxure et foi, rage et sagesse ;
La mort même n’était pour lui qu’une allégresse
Et qu’une fête, en un jardin de sang.

II



Forêts d’armes et de drapeaux, éblouissant
D’or et d’acier une aurore de braise,
Là-bas, sur les hauteurs qui dominent Courtrai,
Orgueil au clair, haine en arrêt,
S’amoncellent les vengeances françaises.
« Il me faut le pouvoir en Flandre, » a dit le roi.
Et ses troupes que commande Robert d’Artois,
Belles comme la mer éclatante et cabrée,
Sont là, pour effrayer et pour broyer.
Férocement,
Le dur, compact, mais entêté Flamand,
Sous leur marée.
Oh ! les heures que vécurent alors,