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Quand s’est rué vers ta splendeur calme et profonde,
Tout un torrent féroce et bondissant
De sang ?

La belle gloire a déserté tes rives ;
Et tes espoirs ont tout-à-coup sombré,
— Larges bateaux désemparés —
L’un après l’autre, à la dérive.

Un soir mortel sur tes vagues s’est épandu.
Au long des ports qui dominent tes plaines,
On t’a chargé de chaînes,
On t’a flétri, on t’a vendu.
Oh ! le désert de tes lourds flots amers !
Quand plus aucune grande voile
De toile,
Partie avec orgueil
Des vagues d’or qui allument ton seuil,
Ne cingla vers la mer !

Hélas ! qu’il te fallut longtemps attendre
Avant qu’un cri ne soulevât tes Flandres