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Vous, les quatre cités de la Flandre vivante,
N’ayant jamais perdu l’orgueil de croire en vous,
Ni d’imposer l’espoir à notre âme fervente.
Vous avez pris pour maître et souverain le Temps,
Adaptant votre force à ses forces nouvelles,
Accueillant l’avenir, en votre cœur battant,
Et son mystère, en la clarté de vos cervelles.
Votre vigueur s’affirme, avec ténacité,
Dans le brasier universel des énergies,
Votre flamme pour mieux grandir et s’exalter
Plus que nulle autre, aux vents frondeurs, s’est élargie ;
Vous adorez la lutte ardente, ayant souffert ;
Votre œuvre est patiente, et néanmoins lyrique ;
Soudain, elle a fleuri, au delà de la mer,
Là-bas, dans les forêts et les brousses d’Afrique,
Sous un aride, hostile, et calcinant soleil ;
Villes de Flandre et de Brabant, villes profondes
De courage secret et de vouloir vermeil,
Votre vie est utile à la splendeur du monde,
Et ce que vous ferez, et puis ferez encor
D’ardu, de clair, de grand et d’unique sur terre,
Soit par l’effort multiple ou l’élan solitaire,
Grâce à notre âme écouteuse, sera d’accord
Toujours, avec la voix sourde de vos grands morts.