Elle arrive. Sitôt il érige sa force,
Tel un arbre dont la râpeuse écorce,
— Dartres, langues, suçoirs et dents —
Empeste, au loin, les soirs ardents
Et tord, vers le soleil, sa multiple épouvante.
Du sang, du fiel, du feu jaillit, soudain, dans l’air ;
Un remuement d’anneaux glauques et verts
Bande son corps dont la lèpre paraît vivante
Et lui fait une armure avec sa puanteur.
Il apparaît dardé dans toute sa hauteur
Et la Vierge qui lutte et rage se dévoue,
Ne frappe, qu’au hasard, un monument de boue.
Et l’on entend vers l’infini, les cris
De l’éternelle humanité monter
Et tous les bruits du soir se lamenter,
Comme si l’ombre et l’étendue
Répondaient, sourdement, à la plainte entendue.
Le monstre est suspendu et s’écroule, soudain…
Sans un brusque sursaut de son cheval, la main
De la guerrière et ses armes étaient broyées ;
Elle aperçoit la mort géante et déployée,
La peur est dans sa chair, mais son cœur n’en veut pas,
Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/74
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.