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Sans avoir peur jamais d’un brutal désaccord
Sur la fierté du grand amour qui nous rassemble.

Nous serons doux et fraternels, étant unis.
Tout ce qui vit nous chauffera de son mystère ;
Nous aimerons autant que nous-mêmes la terre ;
La nature et l’instinct, la mer et l’infini.
 
Nous nous rechercherons, comme de larges proies,
Où toute ardeur, où tout élan peut s’assouvir :
Prendre pour partager, et donner pour jouir !
Et confondre ce qui s’échange, avec la joie !

Oh ! vivre ainsi, fervents et éperdus,
Trempés de tout notre être, en les forces profondes
Afin qu’un jour nos deux esprits fondus
Sentent chanter en eux toutes les lois du monde.