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L’ÉTERNELLE


— Avec quelles antithèses es-tu formée
Femme de passion ardente et affamée ?

Ta voix s’exalte et tes grands yeux qui leurrent
Jamais ne pleurent ;
Et néanmoins tu m’apparais
Tragique et vraie,
Et si belle, parfois, de large espoir ;
Et les désirs dont tu t’allèges
Quand nous parlons de nous-mêmes, le soir,
Sont clairs, fougueux, soudains, mais sont étranges,
Comme un panier d’oranges
Vidé soudain, sur de la neige.
Et tes regards mentent et sont charmants