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LE TYRAN


Maître de tous par son âme, le tyran clair,
En un site de fête où l’ombre et le soleil
Versent la pourpre et l’or, comme un double conseil,
Sur les choses du monde, écoute arder dans l’air

Les cris, les vœux, les hurrahs fous et les délires
Que, sans un mot, ni sans même un geste, dispense
À tous, son immobile et suprême présence.
Il a maté les rois et vaincu les empires,

Il a cassé les dents au peuple et maintenant
Qu’il vit unique en la splendeur blanche, son cœur
D’être à tel point désert et solitaire, a peur.
Les feux ne sont point seuls, là-haut, au firmament.