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Et ses sources de naphte et ses mines de fer
Et le tumulte fou de ses banques sonores
Qui grise, enfièvre, exalte, hallucine, dévore
Et dont le bruit s’épand au delà de la mer ;

Et les peuples dont les sénats sont ses garants ;
Et ceux dont il pourrait briser les lois futiles,
Si la débâcle ou la révolte étaient utiles,
À la marche sans fin de ses projets errants ;

Et les guerres vastes dont il serait lui-même
— Meurtres, rages et désespoirs — le seul vrai roi
Qui rongerait, avec les dents des chiffres froids,
Les nœuds tachés de sang des plus ardents problèmes ;

Si bien qu’en son fauteuil usé, morne et branlant,
Quand il griffonne, à menus traits, sur son registre,
Il lie à son vouloir bourgeois le sort sinistre
Et domine le monde, où corne l’effroi blanc.

Oh l’or ! son or qu’il sème au loin, qu’il multiplie,
Là-bas, dans les villes de la folie,
Là-bas, dans les hameaux calmes et doux,
Dans l’air et la lumière et la splendeur, partout !