Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LE TRIBUN


Et tel que ces arbres cernés de rude écorce,
Qu’on maintenait, jadis, au cœur des vieux quartiers,
Debout — il apparaît têtu, puissant, altier,
Serrant en lui, dites, quels nœuds de force ?

Enfant, il a grandi sur le trottoir des villes
En un faubourg lépreux, livide et convulsé,
Où des hommes rageaient de se sentir serviles
Toujours et prisonniers des vieux passés.

Torses vaincus, fronts écrasés et lamentables,
Sourdes fureurs, gains minimes, travail tuant ;
Et la misère avide et creuse, au coin des tables,
Et ça, depuis toujours jusques à quand ?