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Et même au loin, ce fut cet Orient monté
En kiosques d’émail, en terrasses d’ivoire,
Où des sages et les sennins notoires
Miraient dans l’eau belle, mais transitoire,
Leurs visages de jouets ;
Et doucement, riaient à leur reflet,
Des gestes vains que dans la vie, ils avaient faits.

Et de cet inconnu vaste, montaient des Odes,
Suivant des jeux, suivant des modes,
Que Pégase scandait de son pas affermi ;
On eût dit qu’en ses hymnes anciens
Son chant quotidien
Avait longtemps dormi,
Avant de s’éveiller aux musiques sublimes
Qu’il propageait, de cime en cime,
À travers l’infini.

Sur ce monde d’émail, de bronze et de granit,
Passaient aussi des poètes lucides ;
Ils dévastaient la mort nocturne ainsi qu’Alcide ;
Leurs poèmes sacrés, qui résumaient les lois,
Serraient en textes d’or la volonté des rois ;
Leur front buttait contre la force inassouvie ;