Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Pareils à ces rayons vêtus de soir et d’or
Qui seuls, avant de s’endormir dans la vallée,
Baisent de leur lumière et ravivent encor
Le front triste et rugueux des roches isolées,
Mes vers s’en vont vers vous,
Hommes de lutte et de souffrance, âpres visages,
Proscrits et révoltés qui maintenez
Debout
Malgré la croix où le destin vous cloue
Et votre foi et votre rage !
 
Bagnes, là-bas, au bout des mers !
Solitudes de pierre et fer,
Sols de volcans et de tourments sous terre,
Îles de blocs et de cœur en granit,
Étals d’astuce et de colère,
Dans le désert de l’infini.