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On s’éprouve léger et clair dans l’espace,
On est heureux à crier grâce,
Les faits, les principes, les lois, on comprend tout ;
Le cœur tremble d’amour et l’esprit semble fou
De l’ivresse de ses idées.

Ô ces heures de fière ardeur dardée,
Heures des mais et des avrils,
Qui m’amenez, chaque an, les plus rares des joies,
Heures de conquête, heures de vaillance, heures de proie
Pour mon cœur rouge et mon esprit viril,
Mon souvenir vous loue et vous célèbre,
En cet instant, où les ténèbres
Ferment mes yeux hantés de gloire,
Avec leurs mains douces et noires.