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Qui ne résolvaient rien
Tranchaient pourtant, au nom du mal, au nom du bien,
Les problèmes suprêmes.

Or aujourd’hui c’est la réalité
Secrète encor, mais néanmoins enclose
Au cours perpétuel et rythmique des choses,
Qu’on veut, avec ténacité,
Saisir, pour ordonner la vie et sa beauté
Selon les causes.

L’homme se lève enfin pour ce devoir tardif,
Venu pour éclipser les feux de tous les autres ;
Il s’affirme non plus le roi, le preux, l’apôtre,
Mais le savant têtu, ardent et maladif
Qui se brûle les nerfs à saisir, au passage,
Toute énigme qui luit et fuit — moment d’éclair.
Doutes, certitudes, labeurs, fouilles, voyages,
La terre entière est sonore de son pas clair
Et la nuit attentive écoute arder ses veilles ;
Avec des yeux géants, il explore la treille
Des globes d’ombre et d’or pendus au firmament.
Les soirs sont flamboyants de hauts laboratoires
Qu’il allume, pareils aux feux des promontoires.