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Que s’en viennent chercher asile
Les cerveaux éclatés des déments et des fous.

Marqués chacun d’un signe,
Derrière un mur aveugle et sourd
De vieux faubourg,
Les cabanons s’alignent ;
Et la cité ardente et terrible, là-bas,
Qui les peuple de haut en bas,
Avec les yeux aigus de ces vitres hagardes
S’en inquiète et les regarde.

Ô la folie et ses soleils, tout à coup blancs !
Ô la folie et ses soleils plombants
À rayons lents,
À rayons ternes
Sinistrement,
La fièvre et le travail modernes !

Jadis tout l’inconnu était peuplé de Dieux,
Ils étaient la réponse aux questions dont l’homme
En son âme puérile dressait la somme ;
Ils étaient forts puisqu’ils étaient silencieux
Et la prière et le blasphème