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Malgré l’espace en deuil, comme un témoin
Des batailles et des victoires sous la foudre.
On déchirait, dans les voiles de l’inconnu,
Des chemins clairs que nul ne put recoudre,
Le péril franc, le danger nu,
Étaient cherchés, puis affrontés : la force humaine
Si longtemps folle et incertaine
Conquit, dans la grandeur des éléments domptés,
Sa royauté.

La dune allait, au long des mers vers l’infini ;
Mais désormais
Elle avançait tenant en main de grands flambeaux,
On eût dit un cortège illuminant si haut
Le ciel, que les astres s’en obscurcirent ;
La dune allait ainsi
La nuit, le jour,
Par le chemin qui fait le tour
Des royaumes et des empires,
Et quand s’interrompait au loin sa ronde,
Elle tendait aux bras de pierre
Des falaises, les lumières du monde.

Or il se fit qu’au cours des temps
Des gens apparurent qui doctement,