Page:Verhaeren - Les Flammes hautes, 1917.pdf/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Sa vie ample se mêle au fourmillement sombre
Des flots et des astres, la nuit ;
Il est comme emporté par leur rythme et leur nombre,
De laps en laps, vers l’infini.

Et peu à peu, il cède à mon ardeur tenace
De concevoir l’éternité
Et de remplir soudain et le temps et l’espace
D’un espoir fou et tourmenté.

Et je songe à tous ceux qui dans mille ans sur terre
Avec des yeux comme les miens
Regarderont la même innombrable lumière
Régir les cieux quotidiens

Et qui viendront aussi par la côte marine
Vers l’océan et sa rumeur,
En serrant leurs deux mains sur leur creuse poitrine
Pour mieux sentir vivre leur cœur.