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Depuis que je me sens
N’être qu’un merveilleux fragment
Du monde en proie aux géantes métamorphoses,
Le bois, le mont, le sol, le vent, l’air et le ciel
Me deviennent plus fraternels
Et je m’aime moi-même en la splendeur des choses.

Je m’aime et je m’admire en tel geste vermeil
Je Que fait un homme à moi pareil
En son passage sur la terre.
Tout comme lui, je suis doté
De génie et de volonté,
Et ce qu’il fait, je le puis faire.

Avec mes deux poumons, je respire l’exploit
Que m’apporte le vent de tous les points du monde.
Est mien tout penser clair, utile, allègre et droit
Dont j’ai senti l’audace en mon âme profonde.