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Fleurs tranquilles, avec vos tons qui se fiancent
Aux changeantes splendeurs de la nuit et du jour,
Si vieux soit-il, mon cœur garde encor dans l’amour
La naïve ferveur dont brûlait son enfance.

Il s’offre à s’en vient vers lui, tout simplement,
Avec un chant naïf au détour de la route ;
Il est si content d’être et sans feinte et sans doute
Qu’il ne veut point savoir qu’on trahit et qu’on ment.

Joyeusement, il s’enfonce dans sa folie.
Qu’importe si demain il se doit repentir
D’avoir donné l’essor au pur et clair désir
Que nul ne comprend plus sur la terre vieillie !

Il se sera senti du moins comme autrefois
Simple, fervent, naïf et doux devant les hommes.
Et c’est en respirant vos chairs et vos aromes,
Ô Fleurs, qu’il aura recouvré toute sa foi.