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Ou mortaise ou tenon, ou solive ou pilastre,
Ou madrier là-haut, dans la tour, près des astres,
Ou simplement encore, autour d’un front guerrier,
La branche que l’on mêle au rameau d’un laurier.

Oh ! que de fois l’ample forêt dominatrice
Ne fut-elle pour tous que dons et sacrifice !
Chacun la regardait, là-bas, aux horizons,
Épouser la splendeur ou le deuil des saisons
Et se mettre d’accord avec l’ordre du monde.
Même au fond de l’hiver, elle semblait féconde
Et les germes jamais ne désertaient ses flancs.
Son silence à sa force était équivalent.
Dès que juin ramenait les soleils pacifiques,
Elle allongeait aux champs son immense ombre oblique ;
Et ceux qui l’aimaient bien la préféraient ainsi
Calme, dans l’aube claire et le soir adouci.
Mais moi, je l’aimais mieux quand l’automne rebelle
L’agitait jusqu’au cœur, des coups de sa grande aile.

Alors,
Tout devenait tragique et surhumain en elle.