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Mon âme était alerte et franche
Et pénétrait le cœur et la chanson des branches.
Pourtant, lorsque le soir mes pas se décidaient
À redescendre
Des flancs rocheux de la forêt,
Tout m’y semblait se taire et de nouveau reprendre
Sa méfiance et son secret.

D’un coup ma tendresse en devint plus obstinée.

De mois en mois, de journée en journée,
Les grands arbres sous leur ciel d’or
Me requéraient et m’exaltaient parfois si fort
Que se mouillaient mes yeux en regardant leur gloire.
Les plus anciens portaient un nom,
Et quelquefois, à la veillée, un bûcheron,
Sa pipe rallumée, en évoquait l’histoire.
Il me disait lequel était César,
Et celui-là qu’on nommait Charlemagne,
Et tel encor qui poussait à l’écart
Et sur qui la Grande Ourse illuminait son char,
Pendant la nuit, dans la campagne.