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J’ai pour voisin et compagnon
Un vaste et puissant paysage
Qui change et luit comme un visage
Devant le seuil de ma maison.

J’aime et je suis les humbles sentes
Qui vont d’un clos à d’autres clos,
Ou descendent le long de l’eau
Vers les grottes retentissantes.

Quand l’air est sec et refroidi
Et que tout bruit semble plus proche,
Je reconnais au son des cloches
Quel angelus tinte à midi.

Je vois le dessin de chaque ombre
Dans le soleil sur les hauts murs
Et j’ai compté les brugnons mûrs
Qui ploient la branche sous leur nombre.