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Tous écoutent, et leurs gestes sont suspendus
Et leurs yeux dirigés du côté des ténèbres ;
Mais plus rien ne remue et, dans le mont funèbre,
Le silence, à nouveau, s’est soudain refondu.

Oh ! que les poings sont lourds et que les bras sont lâches
En reprenant, après ce bref espoir, leurs tâches
Et leurs luttes contre le roc et ses parois !
Et d’autres jours et d’autres nuits et d’autres heures
Mêlent à leurs ennuis et la crainte et le leurre,
Quand, un matin, un homme accourt, pâle et pantois,
Jurant la Vierge et Dieu qu’en faisant sa prière,
Il entendit trois fois un long coup de tonnerre
Sortir du mont et rebondir de pierre en pierre,
Là-bas.

Émus, fiévreux, hâtant le pas,
Tous le suivent vers l’endroit proche.
Le bruit renaît, chacun l’entend
Pareil aux chocs intermittents