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Aucune affre crédule au seuil de la victoire
Et tu nourris ainsi, et comme malgré toi,
Ce qui demeure encor de ton ancienne foi
En ton vieux cœur contradictoire.

La chance est comme un bond qui s’ajoute à l’élan
Et soudain le redresse au moment qu’il s’affaisse ;
Elle règne au delà de la stricte sagesse
Et de l’ordre précis, minutieux et lent.
Elle est force légère, et sa présence allie
On ne sait quelle intense et subtile folie
Au travail ponctuel et chercheur des cerveaux.
Elle indique d’un coup le miracle nouveau.
Les hommes que la gloire aux clairs destins convie
Ont tous, grâce à son aide, incendié leur vie
De la flamme volante et rouge des exploits.
Ils ont crié que la fortune était leur droit
Et l’ont crié si fort qu’ils ont fini par croire
Qu’ils tenaient l’aile immense et blanche des victoires
Sous les poings rabattus de leur ténacité.
Oh ! dis, que n’auront-ils réussi ou tenté