Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je bêche encor ; et ferme et dur est mon jarret.
Mon front chenu détient encor plus d’un secret,
Je ris tranquillement de celui qui jardine
Selon quelque beau livre important et profond :
Étant d’ici, je sens le sol jusqu’au tréfond
Comme si mes deux pieds s’y perdaient en racines.


LE BERGER

Tu l’estimes donc bien, ton paisible métier ?


LE JARDINIER

Autant que l’adorait mon père.
Il fut aussi, dans son beau temps, bon jardinier.
Vois-tu, on ne fait bien que ce qu’on a vu faire
Depuis l’enfance à son foyer.