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Tu adores l’élan, la peine et la sueur,
Le geste utile et clair dans la belle lumière,
Et tes yeux sont vaillants à travers la poussière
Que soulève la hâte autour de ton labeur.

Un sang rouge et puissant circule en tes artères
Et colore tes seins superbement debout,
Et ta bouche est charnue et tes cheveux sont roux,
Et ton corps est heureux de marcher sur la terre.

Jusqu’aux heures du soir où les faucheurs s’en vont,
Tu t’attardes dûment à la tâche vitale,
Et l’entêtement doux de la Flandre natale
Par-dessus tes regards luisants bloque ton front.

Aussi, dans les polders de Tamise et de Hamme,
Ceux dont l’amour soudain rend le cœur haletant
Songent à la vigueur belle de tes vingt ans
Quand ils rêvent, le soir, quelle sera leur femme,