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Quand la belle gardeuse d’oies
Lui livre ingénûment la joie
Brusque et rouge de tout son corps.

Et la douce chanson mouillée
Autour des mains, émerveillées
De frapper l’eau dans le soleil,
Recommence son rythme exaltant et vermeil
Et se disperse et s’insinue
Sous les coudes ployés et les aisselles nues
Et fait courir son frisson long,
Depuis le col jusqu’aux talons.

Ô les belles épousailles
De l’eau lucide et de la chair,
Dans le vent et dans l’air,
Sur un lit transparent de mousse et de rocailles !
Et les baisers multipliés du flot
Sur la nuque et le dos,