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Dans ce morceau de sol humide,
Et par toute la pluie et par tout le soleil
Fendre d’un filet vert son ovale vermeil,
Je me sens si ému que j’en deviens timide.
Que c’est beau, sous le ciel, un petit grain de blé !


SIMON

Peut-être aucun de nous n’a-t-il cette ardeur vive
Pour le coin de jardin ou de champ qu’il cultive,
Mais nous n’oserions pas en leur repos troubler
Le sol profond où tant d’espoirs sont rassemblés.
La terre, en son travail, veut l’ombre et le silence.


BENOIT

Je l’aime trop pour ne l’aimer qu’avec prudence.
Pourtant, réfléchissez,
Si mon amour est insensé,