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Vers un fermier qui bine ou vers un gars qui fauche ;
L’autre descend, très humblement, tracer un rond
Autour de la cabane où vit un bûcheron.
Les plus hautes et les plus larges
Transportent sur leur dos de si compactes charges
Qu’à les voir s’en aller, par les couchants vermeils,
Avec leurs charrois pleins et leurs lourds attelages,
On croirait que les tours et les toits d’un village
Sont en marche vers le soleil.

Ainsi les routes grandes ou petites
Visitent
De l’aube au soir, durant l’été,
Et la ferme bruyante et le clos écarté.
Leur voisinage est doux à ceux qui, sur leur porte,
S’assoient le soir en se parlant des choses mortes.
Elles savent quel est le pas
Qui tous les jours, à telle heure, s’en va
Du bourg d’en haut au bourg d’en bas ;
Elles mènent au cimetière ou à l’église