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On me croit vieux, on me croit vieux,
Mais qui donc entendrait mieux
Que je n’entends dans les ténèbres ?
Qu’il fasse nuit ou bien soleil,
J’ai pour me tenir en éveil
La bonne peur dans mes vertèbres.

Sous l’armoire, cachez-vous bien,
Puis, imitez l’aboi d’un chien.
L’ombre se fait, l’heure est obscure,
Dites, ne voyez-vous donc pas
Qu’un œil est là, qu’un œil est là
Qui regarde par la serrure ?

Le temps s’enfuit et l’œil s’en va.
Ce qui trottait, c’étaient les rats
Dans le fournil, près des falourdes.
Le sommeil vient — ma tête est lourde ;