Page:Verhaeren - Les Aubes, 1898, éd2.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’heure prédite est enfin là.
Hé ! les cloches ; sonnez le glas,
Sonnez la mort du sol et des terres fécondes.
L’heure prédite est enfin là,
Hé ! les cloches, hé ! les cloches, sonnez le glas.
Sonnez le deuil pour enterrer le monde !

LE PÈRE GHISLAIN


Hé bien ! c’est lui qui a raison, lui le voyant, lui le fou, lui,
dont on se moquait, dont je me moquais moi-même et que je n’ai jamais compris. Ah ! certes, la formidable lumière se fait à présent.

Il indique l’horizon.

Mais lui, voici longtemps qu’il devinait. Et nous étions là, nous autres, avec notre ancienne espérance, avec nos vieilles illusions, qui mettions la pauvre petite barre de notre bon sens, à travers les roues terribles du destin.

Une troupe de jeunes gens des villages, valets de ferme, ouvriers, filles d’étable, mendiantes amènent sur un brancard Pierre d’Hérénien. Un prêtre les accompagne. Le moribond fait signe qu’il souffre trop et qu’on doit s’arrêter.